Critique: Le Silence Des Agneaux

18 Décembre 2011, 00:27am

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Publié par Superboubouge

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Quantico, Virginie. Clarice Starling, une des meilleures stagiaires du FBI se voit confier une mission de la plus haute importance : questionner le Dr Hannibal Lecter alias « Hannibal Lecter », psychiatre emprisonné, après de nombreux meurtres, dans une cellule hautement gardée pour en retirer des informations capitales sur « Buffalo Bill », soupçonné d’avoir assassiné plusieurs personnes et capturer la fille du gouverneur …

 

En 1991, Jonathan Demme adapte le best-seller de Thomas Harris, Le Silence Des Agneaux, sur le brillant psychiatre cannibale, Hannibal Lecter avec des acteurs inoubliables, un scénario béton et une mise en scène innovante.

 

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  La distribution du film a été un peu plus chaotique. Gene Hackman devait diriger et jouer dans le film en tant qu’en Hannibal mais le scénario étant trop violent, il le refusa. Les producteurs bluffés par Stop Making Sense, ils recrutèrent Jonathan Demme. Ce dernier proposa le rôle de Clarisse Starling à différentes grandes pointures comme Kim Basinger, Michelle Pfeiffer, Emma Tompson, … mais c’est finalement la jeune lauréate de l’oscar de 1989 qui fut enrôlée, Jodie Foster (Taxi Driver, Les Accusés, Panic Room, Flight Plan, …). Elle incarne une jeune stagiaire du FBI, fille d’un policier abattu d’un coup de feu. D’habitude, dans les films noirs, la femme est la victime ou la femme fatale, alors que dans Le Silence Des Agneaux, Demme prend l’opposé, Clarisse devient un personnage principal en puissance dans un monde d’homme où les femmes sont massacrées par un individu. D’une tension rare, Jodie Foster réalise une bonne performance grâce à une intensité sur son visage s’accentuant tout au long de l’enquête, une complexité : pris entre réussir son enquête pour sa renommée et pour la mémoire de son père comme le montre le flashback des funérailles de son père. Elle alterne parfaitement toutes les émotions, dans les faces à faces avec Lecter elle est complètement troublée notamment lorsqu’il s’engage dans le passé de Clarisse et sur son père, dans l’évolution de la mission elle est d’un sérieux imperturbable et enfin dans la scène finale la peur et la tension se mélangent dans un cocktail excellent. Malheureusement pour elle, et heureusement pour le film, elle est face à une performance monstrueuse de l’incroyable, l’extraordinaire Anthony Hopkins (Elephant Man, Dracula, Les Vestiges Du Jour, Nixon, …) en terrible psychopathe Hannibal Lecter.

 

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 L’acteur est totalement habité par son rôle, le début du mythe commence dès sa première apparition où on le voit dans sa cellule debout regardant fixement Clarisse avec un léger sourire sournois, d’une sérénité inébranlable. Cette scène est un vrai tour de force de l’acteur, une présence phénoménale, une justesse grandiose pour interpréter un fauve attendant sa proie, les moments où il sent le parfum de Clarisse et lorsqu’il imite un rongeur sont d’une maîtrise implacable. Le reste de sa performance n’est que d’anthologie, à l’instar de Marlon Brando dans Le Parrain, Hopkins créé son personnage en se vieillissant le visage et en se mettant du gel sur des cheveux en arrières. Complètement fou, il incarne sobrement son personnage, préférant l’immobilité à l’excitation de ses compagnons de détention. Il n’a pour autant pas perdu son métier de psychologue et adore entrer dans les plaies du passé de ses victimes pour mieux jouer avec leurs peurs, les humilier et les capturer dans sa toile. Un vrai psychopathe. La  grande performance de l’acteur vient aussi de sa diction lente et dense qui accentue encore pus sa folie. Dans les grandes scènes de l’acteur, on retiendra la fuite de sa cage où il crucifie le policier qu’il a amadoué et lui prend son visage et la scène finale avec une phrase devenue mythique : «J’aimerai poursuivre cette conversation mais j’ai un ami pour diner ». Dire que le rôle n’a failli pas arriver à Hopkins car il fut proposer à Jeremy Irons, Sean Connery, Robert Duvall et Brian Cox. Un rôle fantastique proche de celui de Norman Bates de Psychose. Le deuxième fou est interprété par le très convaincant Ted Levine et Scott Glenn (Apocalypse Now, Urban Cowboy, Silverado, …) est parfait de sobriété dans le rôle du chef du FBI Jack Crawford.

 

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Gene Hackman ayant finalement refusé de réaliser le film, Jonathan Demme (Stop Making Sense, Philadelphia, …) reprend le livre de Thomas Harris. Il mélange astucieusement plusieurs genres : le film noir, policier au drame psychologique. Le film est construit sur un jeu de chat et de la souris entre Lexter et Clarisse qui se transforme peu à peu après de nombreux retournements de situations en course poursuite contre la montre. Inspiré par les films d’Hitchcock, il met en place dès les premiers plans une ambiance pesante, dans cette scène proposée par Foster où on voit Clarisse courir dans le brouillard, une atmosphère d’angoisse et de peur. Demme modifie certains codes en filmant les dialogues entre Lecter et Clarisse avec des plans très strictes à 180° pour que l’acteur et notamment Hopkins parle directement au spectateur (comme dans Voyage à Tokyo d’Ozu). Ce qui amplifie la folie du personnage qui hypnotise le spectateur et ce qui créé une véritable thérapie entre les deux. L’ambiance surréaliste du film vient notamment des jeux des lumières dans certaines scènes comme celles où Lecter est dans sa cage où la lumière blanche arrive sur la cage donnant un côté divin au personnage. Tandis que dans les scènes chez Buffalo Bill, la lumière sombre donne un effet schizophrène magistral. Demme ne se refuse pas de montrer les horreurs d’Hannibal et nous offre une œuvre réaliste dont la photographie à toute son importante, en effet elle alterne la sobriété des extérieurs  et la saleté des intérieurs tels que la prison où la cave de Buffalo Bill. Demme utilise des techniques originales et bien trouvées comme son utilisation des champs/contrechamps durant les dialogues, un montage audacieux et l’utilisation pour la première fois du « nightshot » dans la dernière scène. Revenons sur les deux dernières techniques et sur la scène chez Buffalo Bill. Le réalisateur à préparer  fort habilement le moment crucial : avec une montée de la tension liée au temps qui se raccourcit, il utilise un montage parallèle, où on attend à ce que la brigade arrête le coupable mais Lecter ayant bien joué son coup il envoie Clarisse dans la gueule du lion et c’est elle qu’on voit apparaitre derrière la porte de Buffalo Bill. Alors que la tension et le suspens est à son comble le réalisateur décide de fragmenter la scène de l’échange de tirs en 20 images en 6 secondes pour une puissance visuelle incroyable. Tout cela filmé en « nightshot » où la caméra prend la place des lunettes infrarouges de Buffalo dans une atmosphère glauque. La force de la scène vient aussi  du silence brouillé par la respiration irrégulière de Clarisse aux abois. Une réalisation innovante.

 

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Le scénario a été écrit par Ted Tally d’après le roman éponyme de Thomas Harris sur le psychopathe Hannibal Lecter.

 

Succès publique et critique (les 5 oscars majeurs : film, réalisation, acteur pour Hopkins, actrice pour Foster et scénario adapté), Le Silence Des Agneaux est rapidement devenu un véritable film culte grâce à la performance hallucinée de Hopkins et à la réalisation de Demme.

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Posted by A la joie
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